Patricia Signorile

Patricia Signorile est une philosophe spĂ©cialisĂ©e en esthĂ©tique et science des arts. Membre du Laboratoire interdisciplinaire de droit des mĂ©dias et des Mutations sociales (LID2MS, AMU), elle est coresponsable de l’axe de recherches « Droit, normes, crĂ©ation » et dĂ©veloppe depuis 2012 le programme « Droit & arts » en collaboration avec le directeur du musĂ©e Granet, ainsi que Les cahiers des rencontres Droit & arts (Presses universitaires d’Aix-Marseille). Par ailleurs, elle est l’auteur de nombreux ouvrages et articles.

Ses recherches mettent en Ɠuvre une mĂ©thode transdisciplinaire qui permet de reconsidĂ©rer la plupart des catĂ©gories de l’esthĂ©tique et de les conjuguer avec celles du droit, des valeurs et des normes. Les rĂ©sultats apportent des Ă©lĂ©ments pour mieux comprendre la fabrication de la rĂ©alitĂ© artistique, culturelle et juridique contemporaine.

La participation au festival d’AMU « Confinement(s). Tout un monde Ă  l’arrĂȘt » s’est imposĂ©e comme une Ă©vidence, d’autant plus forte qu’une rĂ©flexion collective dans le cadre du LID2MS Ă©tait dĂ©jĂ  engagĂ©e.

Mon expérience du confinement

« Une fois surmontĂ©s les sentiments de peur, de rĂ©volte, d’incomprĂ©hension, de dĂ©ni, suivis de l’acceptation, j’ai dĂ©cidĂ©, pour faire face Ă  la restriction de circuler et Ă  la distanciation sociale, d’agir en menant un projet qui donnerait du sens Ă  ce vĂ©cu collectif exceptionnel : le premier confinement, du 17 mars au 11 mai 2020, puis celui que nous avons dĂ©butĂ© le 28 octobre. Ainsi est nĂ© « Droit et crĂ©ation face Ă  la Covid-19 », un ouvrage collectif (disponible au deuxiĂšme trimestre 2021 aux Presses universitaires d’Aix-Marseille et soutenu par l’équipe du LID2MS), puis le projet d’une participation au festival d’AMU dĂ©matĂ©rialisĂ©. « Confinement(s). Tout un monde Ă  l’arrĂȘt » est un programme qui illustrait parfaitement ce que nous avions ressenti individuellement. Si chacun et chacune a vĂ©cu le confinement Ă  sa maniĂšre, celui-ci a aussi Ă©tĂ© un Ă©vĂ©nement collectif qui a redonnĂ© un sens magnifique au lien, Ă  l’attachement, aux tĂ©moignages. Le thĂšme proposĂ© « Droit et crĂ©ation confinĂ©s » explore Ă  la fois le point de vue des artistes, des juristes et d’un Ă©conomiste.

Si nous avons redĂ©couvert la qualitĂ© du silence, entendu Ă  nouveau les chants des oiseaux, observĂ© le ciel sans zĂ©brures d’avion, la restriction des libertĂ©s individuelles a pesĂ©. Les photographies de Graziano Arici montrent les rues des villes dĂ©sertes oĂč le silence est palpable comme aprĂšs une grande catastrophe, les objets familiers y paraissent Ă©tranges, incongrus. Hantu s’inspire des masques de protection qui aliĂšnent notre identitĂ© et notre individualitĂ©, dans une fulgurance Ă  la fois ludique et grave. Nature vive, la performance, pose des questions essentielles pour Ă©veiller la prise de conscience et montrer des pistes pour l’aprĂšs-confinement. Des juristes, un musicien et un Ă©conomiste mettent en relief et analysent cette situation inĂ©dite, durant laquelle la crĂ©ation et les institutions se sont transformĂ©es grĂące Ă  la dĂ©matĂ©rialisation des supports, dĂ©montrant que le numĂ©rique comme l’adaptation du droit constituent dĂ©sormais des voies d’évolution qui mĂ©ritent d’ĂȘtre explorĂ©es, sans pour autant abolir et anĂ©antir la prĂ©sence physique de l’Ɠuvre. »