

Jean Delsaux
Jean Delsaux est artiste. Il a Ă©galement Ă©tĂ©, jusquâĂ aoĂ»t 2020, maĂźtre de confĂ©rences Ă lâuniversitĂ© de Clermont-Auvergne / Institut Pascal (UMR 6602).
AprĂšs diffĂ©rentes expĂ©riences dans les domaines de lâinstallation multimĂ©dia, du numĂ©rique et de la vidĂ©o, il fonde un atelier dâartistes Ă Marseille ouvert aux technologies numĂ©riques. Son intĂ©rĂȘt pour la perception du vide et pour le rĂŽle de ce dernier dans la crĂ©ation, alliĂ© Ă ses recherches concernant la technologie dans lâart, le conduisent Ă collaborer avec lâuniversitĂ© de Paris 8 (arts et technologies de lâimage).
MaĂźtre de confĂ©rences, il crĂ©e avec Pascale Weber une Ă©quipe de recherche Ă©mergente : le Laboratoire dâesthĂ©tique expĂ©rimentale de lâespace (LEEE) Ă Clermont-Ferrand, et rejoint les Ă©quipes de lâInstitut Pascal (robotique et vision artificielle).
Son travail artistique se poursuit dans le duo Hantu (Weber+Delsaux), duo de performeur.e.s qui développe une pratique entre présence et représentation.
Il en résulte des performances, des photographies, des réalisations vidéo et des installations.
Jean Delsaux recentre actuellement son travail sur la pratique artistique et souhaite affirmer le primat de la crĂ©ation prise en tant que discipline intellectuelle sur le discours. Ancrant sa rĂ©flexion thĂ©orique au sein mĂȘme de la pratique artistique, il affirme la primautĂ© du corps et du geste et sâefforce dâexplorer les liens se tissent entre lâindividuel et le collectif dans la constitution des mythes et des modes de vie. La PandĂ©mie reprĂ©sente en ce sens un terrain particuliĂšrement propice Ă cette exploration.

Mon expérience du confinement
« ConfinĂ©s sur un bateau, nous avons rĂ©alisĂ© une sĂ©rie photographique Ă partir de masques improvisĂ©s avec « les moyens du bord », tĂ©moignant de lâimportance du jeu pendant la crise. Plus tard, nous avons conçu une performance pour dire la colĂšre de nos corps bĂąillonnĂ©s, assignĂ©s et privĂ©s du collectif.
Masques de carnaval ? Masques sur le rĂ©el ? Masques mortuaires ? Ou bĂąillons ? Le masque sâest imposĂ© dans notre travail dĂšs le dĂ©but du confinement. Nous avons commencĂ© Ă en confectionner non pas pour nous protĂ©ger mais pour nous approprier cet objet symbolique. Nous lâavons dĂ©clinĂ© sous diverses formes, le considĂ©rant comme symptomatique de lâĂ©tat de la sociĂ©tĂ©. Avec dĂ©rision ou poĂ©sie, nous en avons fait, en tant quâĆuvre artistique, un Ă©lĂ©ment de langage.
Porter un masque câest ne plus montrer ses Ă©motions et ne plus avoir dâexpression du visage, câest ĂȘtre rendu Ă lâĂ©tat dâobjet. Le masque comme un bĂąillon nous empĂȘche de parler librement. La distance (geste barriĂšre) empĂȘche tout contact.
Le confinement nous a donnĂ© du temps, du temps pour revenir Ă nous-mĂȘmes, mais il nous a Ă©galement privĂ©s de nos libertĂ©s fondamentales dâaller et venir, de rencontrer et de se confronter aux autres, rendant impossible la relation des corps prĂ©sents qui nâavaient que les rĂ©seaux de communication pour pouvoir Ă©changer virtuellement.
Le confinement a obstruĂ© lâhorizon, horizon gĂ©ographique comme horizon politique. La sociĂ©tĂ© sâest insensibilisĂ©e, elle est devenue la salle dâattente de lâhĂŽpital, la police sâadressait Ă nous Ă distance, avec des drones. Le masque est devenu lâobjet que tous ont en commun, au-delĂ des sexes, races, cultures, religions⊠Chacun s’est dĂ©couvert Ă mĂȘme dâinventer son identitĂ© avec le masque, nous avons dĂ©sormais une identitĂ© avec et une identitĂ© sans. »