Isabelle Demangeat

Isabelle Demangeat a 25 ans d’expĂ©rience dans le coaching, la formation et le dĂ©veloppement des compĂ©tences. Elle intervient dans des entreprises et organisations internationales. Ses champs d’action sont les stratĂ©gies du changement, les compĂ©tences managĂ©riales, la vie des Ă©quipes multisites mais surtout la qualitĂ© des relations interpersonnelles. Son parcours personnel et professionnel l’a amenĂ©e Ă  explorer diffĂ©rents aspects de l’interculturel et de la diversitĂ©. Elle travaille, en quatre langues, en Europe et en Inde.

Tout en gardant un lien fort avec ses racines mĂ©diterranĂ©ennes, Isabelle Demangeat habite actuellement Ă  Berlin. Elle vit depuis toujours entre plusieurs pays, France, Allemagne, Italie, Suisse et, avant la Covid-19, sĂ©journait souvent dans diffĂ©rentes mĂ©tropoles indiennes. ‹Avant de s’établir Ă  son compte, elle Ă©tait responsable, pour les 2500 employé·es d’une entreprise de services, des programmes de soutien Ă  l’égalitĂ© des chances, au dĂ©veloppement de carriĂšre et aux relations managĂ©riales. Elle continue Ă  s’investir dans les questions de genre et de visibilitĂ© des minoritĂ©s dans les milieux professionnels. Dans ses interventions en ligne comme dans les rencontres en prĂ©sence physique, elle attache une grande attention Ă  la qualitĂ© de communication et de relationnel indispensable aux rapports humains.

Isabelle a publiĂ© dans plusieurs ouvrages communs sur l’interculturel et la diversitĂ©, ainsi que sur le leadership et l’organisation du travail en Ă©quipes multisites.

Mon expérience du confinement

« Comme pour des millions d’indĂ©pendants, le confinement a subitement vidĂ© mon agenda de toutes les interventions prĂ©vues. Vide angoissant.

Cependant, le plus marquant pour moi a Ă©tĂ© de me sentir Ă©cartelĂ©e entre les lieux, entre les espaces de vie : le mien et ceux de mes proches, Ă©loignĂ©s gĂ©ographiquement. Une expĂ©rience d’« emotional displacement ».

À Berlin, le confinement a Ă©tĂ© dĂ©clinĂ© en version « light » : recommandation de sortir le moins possible, de ne recevoir personne, de ne rencontrer qu’une seule personne Ă  la fois, de porter un masque dans les lieux fermĂ©s (une fois qu’ils furent arrivĂ©s).

Chaque jour, j’étais en relation avec ma famille et mes ami·es en France et en Italie. La diffĂ©rence entre nos vies quotidiennes, dictĂ©es par des rĂšgles beaucoup plus strictes pour eux, me projeta dans un espace en suspension.

D’une part, dans mon cocon berlinois, je ne pouvais que difficilement faire partager Ă  d’autres le sentiment d’« emotional displacement » que j’éprouvais.

D’autre part, je ressentais l’oppression de la rĂ©clusion, sans ĂȘtre moi-mĂȘme soumise aux mĂȘmes contraintes. J’ai mis plusieurs semaines Ă  rĂ©aliser que j’avais la possibilitĂ© de prendre ma voiture et d’aller dans la forĂȘt de Grunewald oĂč j’aime Ă  me balader.

IntriguĂ©e, amusĂ©e (parfois) et avec Ă©motion, j’observais chez moi l’intĂ©gration de ces restrictions par une sorte d’osmose : une expĂ©rience de syntonie venue de l’attachement et, paradoxalement, matĂ©rialisĂ©e par les moyens techniques de connexion. »