Duo Aartemis

Aartemis : duo d’artistes, deux femmes : MarlĂšne et HĂ©loĂŻse. Des Ɠuvres rĂ©alisĂ©es Ă  quatre mains, basĂ©es sur l’exploration du fĂ©minin, thĂšme occupant le cƓur de leurs prĂ©occupations artistiques. De la chair Ă  l’émotion, du sein au sexe, de la souffrance Ă  l’excitation, elles travaillent les corps pour leur redonner la place qu’ils devraient pour elles avoir dans notre sociĂ©tĂ©. En tant que duo d’artistes et femmes, elles croisent leurs regards, leurs techniques et leurs parcours pour aborder le fĂ©minin et ce qui le constitue.

Elles cherchent Ă  montrer ses strates, qui cachent une intĂ©rioritĂ©, mais aussi Ă  rendre visible ce corps alors qu’il tente de se mouler aux reprĂ©sentations sociales et sociĂ©tales. Mais ce moule est trop Ă©troit. Ce moule de reprĂ©sentations d’un corps uniforme, lisse, sans bruit, les femmes le dĂ©forment, le font dĂ©border, l’abĂźment. Ce sont toutes ces rĂ©sistances que captent leur regard d’artistes mais qui marquent aussi leur corps de femmes.

Comment ces corps fĂ©minins qu’elles rencontrent entrent-ils en rĂ©sistance face Ă  cet enfermement ? Comment rendre visible cette mobilisation, cette exposition de cette chair fiĂ©vreuse et de cette intĂ©rioritĂ© qui se dĂ©lie ? Comment le corps des femmes est-il devenu territoire social et comment s’en libĂšre-t-il ?

Le duo Aartemis aborde toutes ces questions dans des représentations plastiques et esthétiques des corps, de leurs failles et de leurs résistances triomphantes.

Site personnel : http://www.aartemis.fr.

Mon expérience du confinement

« Durant cet pĂ©riode de confinement, nos corps de femmes n’ont pas Ă©tĂ© totalement privĂ©s de libertĂ© dans l’espace public. Si nous y rĂ©flĂ©chissons bien, qui sont ceux et celles que nous croisions Ă  l’extĂ©rieur de nos logements ? Des femmes.

Celles qui faisaient les courses et celles qui les scannaient derriĂšre leurs caisses, celles qui s’en allaient garder les enfants de soignants dans les Ă©coles ou qui partaient prendre soin de ceux, plus ĂągĂ©s, rongĂ©s par la solitude. Le seul moyen d’une libertĂ© minimale pendant ce confinement a Ă©tĂ© de nous conforter Ă  nos rĂŽles genrĂ©s : faire les courses. L’autre a Ă©tĂ© la mort. Quelle ironie ! La libĂ©ration de nos corps de nos antres ont Ă©tĂ© soit de chercher de quoi se nourrir, soit d’aller accompagner quelqu’un vers la mort. Cela a enclenchĂ© chez MarlĂšne un dĂ©tachement de son corps, ne sachant plus bien quoi en faire, de lui et de la douleur qui l’habitait. L’espace dans lequel elle se mouvait devenait petit, Ă©touffant, contraignant et la privation de libertĂ© ne faisait que se renforcer. C’est aussi un effacement qui s’est produit chez HĂ©loĂŻse, mais un effacement Ă  la face du monde, pour entrer dans une intĂ©rioritĂ©. Comme un monde intĂ©rieur en mouvement perpĂ©tuel qui absorbe, qui apparaĂźt chaleureux. Une intĂ©rioritĂ© qui a pris tant de place dans sa vie que s’effacer dans le monde extĂ©rieur n’est qu’une occasion de s’enfoncer dans un monde intĂ©rieur. Nous sommes tous un peu enfermĂ©s en nous. Ce sont les fameuses distractions des PensĂ©es de Pascal qui nous ont Ă©tĂ© enlevĂ©es durant cette pĂ©riode, nous obligeant Ă  nous retrouver face Ă  nous-mĂȘmes. Seuls, effacĂ©s, Ă  ne plus croiser le regard des autres en sortant de chez soi, de peur que l’autre n’apparaisse comme contaminant. Un effacement au monde, l’effacement de soi pour l’autre mais aussi face Ă  l’Autre avec un grand A. »