

Ariane Carmignac
Ariane Carmignac est docteure en esthĂ©tique et sciences de l’art, agrĂ©gĂ©e en arts plastiques, ancienne Ă©lĂšve de lâĂcole normale supĂ©rieure de Lyon, photographe diplĂŽmĂ©e de lâĂcole nationale supĂ©rieure de la photographie dâArles, membre associĂ©e du Centre dâĂ©tudes des arts contemporains (UniversitĂ© de Lille, EA 3587) et du Centre interdisciplinaire dâĂ©tudes et de recherches sur lâexpression contemporaines (UniversitĂ© Jean-Monnet, Saint-Ătienne, EA 3068) et actuellement titulaire de zone de remplacement (TZR) en arts plastiques dans lâacadĂ©mie de Grenoble.
Ses recherches ont trait Ă l’archive et Ă la photographie, Ă la fabrique de l’image, Ă son rĂ©emploi et aux diverses formes d’agencements que ceux-ci gĂ©nĂšrent ou inspirent. Elle est lâauteure de nombreuses publications.
Parmi ses derniĂšres publications : « Unâarchiviopera ? » et « Venezia, protagonista dallâarchivio Graziano Arici ? », in Mario Isnenghi dir., Venezia 1860-2029, Fondation Querini Stampalia, Venise, Grafiche Veneziane, 2019 et « Venise / Arles. Regards affrontĂ©s », in Italo Zannier dir., Arles-Venezia, Quinlan Editrice, Venise, 2020.

Mon expérience du confinement
« Le confinement, dĂ©butĂ© en mars 2020, est intervenu alors que jâĂ©tais enseignante (Ă lâĂ©poque, Ater en arts plastiques) Ă lâuniversitĂ© de Lille ; la distance soudainement imposĂ©e Ă tous a assurĂ©ment favorisĂ©, entre autres, une rĂ©flexion commune avec les Ă©tudiants autour de ce qui Ă©tait en train de se passer ou de ne plus se passer « comme avant ».
Ces questions soulevĂ©es ont Ă©tĂ© autant de maniĂšres de construire, si ce nâest un sens, du moins de formuler des rĂ©ponses, plastiques, pratiques, Ă la situation que nous Ă©tions tous en train de vivre, collectivement mais sĂ©parĂ©ment.
De plus, pouvoir observer certains artistes crĂ©er, dans une rĂ©action Ă lâactualitĂ© la plus immĂ©diate, a Ă©tĂ© une inĂ©puisable source dâinspiration ; voir comment, dans ces prĂ©sences Ă distance, pouvaient sâexprimer des sensibilitĂ©s singuliĂšres, permettant de faire bĂ©nĂ©ficier dâune forme de lecture inĂ©dite de lâactualitĂ© aura aussi Ă©tĂ©, pour tous, un enseignement majeur et une rĂ©flexion stimulante, qui ont inventĂ© des maniĂšres dâaffronter une situation incertaine, de la donner Ă voir, et Ă©bauchĂ© Ă partir du prĂ©sent des chemins de traverse en direction dâun (im)probable « aprĂšs ».
Le cas du photographe Graziano Arici, Ă Arles, a particuliĂšrement retenu mon attention ; ayant vu ses divers projets dâexposition ou de voyages annulĂ©s, il a dĂ» se replier, comme tant dâautres, dans un espace casanier, familier, et extraire depuis cet endroit mĂȘme les motifs dâune mise en Ćuvre plastique ; sa sĂ©rie, créée lors de ces mois de confinement, tient presque lieu dâun journal de bord, assez auto-ironique cependant : lâartiste, pas dupe de ce genre convenu et de lâengouement suscitĂ© par cette forme, vĂ©ritable passe-temps opportun, mĂ©lange Ă des vues de dĂ©tails, rĂ©alisĂ©es dans lâintĂ©rieur de son habitation, dâautres images, prises auparavant ; ce qui nâaurait pu ĂȘtre quâun exercice, celui dâune chronique de jours (extra)ordinaires, devient le lieu dâune introspection, oĂč le photographe, immobile, rĂ©envisage lâensemble de son Ćuvre, au jour le jour, transformant la proximitĂ© en distance accrue. »