

Alessandro Gallicchio
Alessandro Gallicchio est professeur dâhistoire de lâart contemporain Ă lâĂcole supĂ©rieure des beaux-arts de NĂźmes, commissaire dâexposition et membre associĂ© du laboratoire de recherche Telemme de la Maison mĂ©diterranĂ©enne des sciences de lâhomme.
Docteur en histoire de lâart contemporain des universitĂ©s de la Sorbonne, de Florence et de Bonn, il sâintĂ©resse aux rapports entre art, architecture et espace urbain dans les Balkans et en MĂ©diterranĂ©e, aux influences du nationalisme et de lâantisĂ©mitisme dans la construction du discours artistique et aux esthĂ©tiques de la rĂ©duction. EntamĂ©es Ă lâInstitut national dâhistoire de lâart et au centre Pompidou, ses derniĂšres recherches sont Ă la base du projet art et sciences humaines et sociales Monumed (Monumentalisation et espace urbain dans les Balkans et en MĂ©diterranĂ©e) codirigĂ© avec Pierre SintĂšs, dont lâouvrage Monument en mouvements. Artistes et chercheurs face Ă la monumentalisation contemporaine (Gli Ori, 2020) prĂ©sente les rĂ©sultats. LaurĂ©at 2020 de la bourse AndrĂ©-Chastel de la Villa MĂ©dicis dans le cadre dâun projet qui porte sur les traces urbaines des empires coloniaux en MĂ©diterranĂ©e, il explore cette thĂ©matique dans lâexposition Rue dâAlger, organisĂ©e au sein du programme « Les ParallĂšles du Sud » de la biennale Manifesta 13 Marseille. En tant que chercheur et commissaire dâexposition, il collabore avec de nombreuses institutions en France et Ă lâinternational. Il a enseignĂ© Ă lâEMCA, Ă lâESAG Penninghen, Ă Sorbonne-UniversitĂ© Abu Dhabi, Ă lâĂcole du Louvre et Ă Aix-Marseille UniversitĂ©.
Une liste exhaustive de ses publications et de ses communications dans des colloques ou des journĂ©es dâĂ©tudes est consultable sur la page https://univ-amu.academia.edu/AlessandroGallicchio.

Mon expérience du confinement
« Les restrictions des dĂ©placements liĂ©es Ă cette pĂ©riode de confinement ont consolidĂ© le sentiment que travailler sur les relations entre art et espace urbain exige que lâon fasse une « expĂ©rience » de cet espace. Cela implique une histoire de lâart « de terrain ».
Ayant vĂ©cu deux confinements en pleine conception et organisation dâune exposition qui vise Ă interroger lâexpĂ©rience que lâon fait des lieux urbains renvoyant aux passĂ©s coloniaux, jâai Ă©tĂ© confrontĂ© Ă un obstacle majeur : la restriction de lâaccĂšs aux espaces publics. Ce constat, accompagnĂ© dâune frustration, sâest manifestĂ© avec force pendant cette pĂ©riode, mais il a commencĂ© en rĂ©alitĂ© Ă se manifester bien avant, surtout depuis que jâai commencĂ© Ă travailler sur les villes balkaniques et sur leur « commodification » accĂ©lĂ©rĂ©e, ou sur leur « turbo-urbanisme ». Ces derniĂšres dĂ©cennies, les espaces publics â de plus en plus normĂ©s â semblent avoir Ă©tĂ© vidĂ©s de leur fonction dâagrĂ©gation pour obĂ©ir Ă des nouvelles stratĂ©gies de reprĂ©sentation du pouvoir, qui font appel Ă des langages artistiques ou architecturaux relevant du processus de la mondialisation. Ces aspects, qui ont dĂ©jĂ fait lâobjet de nombreuses recherches en sciences sociales, nĂ©cessitent Ă©galement dâĂȘtre traitĂ©s par des disciplines plus jeunes telle que lâhistoire de lâart. Loin de voir lâhistoire de lâart comme un simple exercice iconographique, je me suis engagĂ© dans lâexploration dâoutils mĂ©thodologiques qui interrogent la dimension sociale de lâart. Les confinements et le rĂŽle que lâart pourrait jouer dans la reconsidĂ©ration de lâespace public mâont fait comprendre lâimportance de renouveler mes mĂ©thodes et de privilĂ©gier davantage le travail de terrain, lâobservation, lâimmersion et lâ« expĂ©rience » de la ville. »