Adrienne Arth

Adrienne Arth est photographe et expose depuis une dizaine d’annĂ©es en France et Ă  l’étranger, que ce soit en galeries (galerie Samagra Paris, galerie Olivier Waltman Paris, DZD Gallery Roermond Pays-Bas, galerie Gour-Beneforti Bastia, galerie La Ralentie Paris
), dans des salons ou des parcours artistiques. En 2017, elle est laurĂ©ate du concours Eros, organisĂ© par la galerie La Ralentie, Paris et reçoit le prix du jury.

À travers diffĂ©rentes sĂ©ries, consacrĂ©es Ă  des sujets qui la touchent plastiquement et personnellement, elle cherche Ă  Ă©laborer une maniĂšre qui questionne l’image au croisement du rĂ©el et du regard qui le saisit, comme expĂ©rience visuelle et Ă©motionnelle et non comme donnĂ©e objective.

Sous son nom de Frédérique Wolf-Michaux (comédienne, chanteuse, metteur en scÚne), sa carriÚre artistique est, par ailleurs, marquée par 30 ans de créations théùtrales (spectacles en scÚnes nationales, partenariat avec des musiciens, des plasticiens et des poÚtes).

Adrienne Arth est membre fondateur du groupe Transfiguring, créé en 2015 par sept photographes plasticiens.

Site personnel : http://www.adriennearth.com

Mon expérience du confinement

« Il Ă©tait 7 h quand le tĂ©lĂ©phone a sonnĂ©. Une voix d’homme : « Votre mĂšre est dĂ©cĂ©dĂ©e ce matin Ă  6 h 30 ».

Elle Ă©tait partie. Alors qu’elle allait mieux, qu’elle devait ĂȘtre transfĂ©rĂ©e dans une maison de repos. Elle Ă©tait partie. Ne restait que sa dĂ©pouille, visage clos, dĂ©finitivement. Nos portes se sont fermĂ©es Ă  leur tour : Confinement.

Je n’avais d’elle plus que ces photos prises dans un Ă©lan. De quoi ? Retenir encore un peu son souffle ? Son regard ?

La liste des morts. Chaque soir, la liste des morts et en ouvrant mon ordinateur, son corps Ă  elle. Mort.

Alors, j’ai voulu lui faire un « Tombeau ». Et Ă  travers sa mort, Ă  tous ceux qui disparaissaient chaque jour. Seuls. Dans ces tombes que chaque jour, partout dans le monde, on creusait, plus grandes. Pour les accompagner, pour qu’au-delĂ  de nos enfermements respectifs, de nos vies suspendues, de nos affolements, de nos problĂšmes de masques, de chloroquine, de dĂ©bats politiques, mĂ©dicaux, Ă©conomiques, dans cet air qui se rarĂ©fiait, oĂč on Ă©touffait, ils aient encore un espace, eux, les morts, tuĂ©s par la bĂȘtise d’un monde qui marche sur ses cadavres pour faire de l’argent son royaume. Un espace oĂč leurs corps et Ă  travers eux leur ĂȘtre, puissent ĂȘtre honorĂ©s, comme l’humanitĂ© l’a toujours fait. »